J'avais quinze ans quand la grande mosquée Hassan II de Casablanca a été inaugurée. Aujourd'hui encore je me rappelle le traumatisme général qu'avait provoqué l'opération de participation des contribuables dans le financement de l'édifice. La participation était d'abord volontaire bien entendu, mais comme ces participations "volontaires" devaient couvrir l’intgralité du coût du projet (7 Milliards de MAD) et devant la somme misérable collectée les premiers mois de l'opération, le ministère de l'intérieur, à qui on avait confié la lourde tâche de collecter les fonds, a dû passer à des méthodes beaucoup plus persuasives.
Aujourd'hui encore, vous n'avez qu'à prononcer le mot "Iktitabe" (souscription en arabe) devant un petit fonctionnaire ou commerçant de l'époque pour lui rappeler un bien triste moment de sa vie. Il faut dire que la situation économique générale au Maroc à cette époque était difficile, étant donné que le pays subissait encore les conséquences du régime d'austérité prescrit par le FMI durant les années 80.
Aujourd'hui, la mosquée trône toujours sur l’Atlantique, majestueuse. Pour les casaouis (les gens de Casablanca), c'est la Mosquée, tout court. Par exemple, pour s'y rendre en petit taxi rouge de n'importe quel autre point de la ville, il suffit de dire "Ej'jamme3" (la mosquée), le conducteur prendra sa direction sans aucune précision supplémentaire